État dans l’État, le Vatican jouit d’une influence internationale immense, bien supérieure à la seule autorité conférée à l’Église. Comment cela est-il arrivé, par quel miracle ?
Bee Hazel essaye ici de relier des points qui dessinent une bien étrange image.

L’on dit du Vatican qu’il est un État dans l’État, pour quelles raisons? Et quels sont les pouvoirs du Saint Siège?

L’histoire diplomatique du Vatican commença au ive siècle, pourtant les frontières de la puissance de la papauté ont évolué au fil du temps et des siècles. Les papes, dans leurs prérogatives de pouvoir temporel, ont dirigé une grande partie de la péninsule italienne, Rome comprise, durant un millénaire. […]

Les accords du Latran résolvent enfin, en 1929, la « querelle italienne ». Ils établissent l’État de la Cité du Vatican, indépendant, en compensation de la perte des États pontificaux. Ils garantissent également un statut spécial à l’Église catholique romaine en Italie.
Ils comprennent :

  • un traité de reconnaissance de l’indépendance
    et de la souveraineté du Vatican ;
  • un concordat définissant les relations
    entre le Gouvernement italien et l’Église ;
  • un volet financier dédommageant le Vatican
    de la perte de ses États en 1870.”

    “Ainsi les accords de Latran donnent de façon unique une dimension étatique à une confession religieuse lui permettant d’agir directement sur la scène internationale. Dans les débats de juristes, il est en effet ressorti que c’est bien en tant que puissance spirituelle, et non en raison de son pouvoir temporel, que le Saint-Siège est intégré dans les relations internationales.La papauté est une véritable institution internationale qui joue un rôle à la fois spirituel et temporel dont la légitimité est un avantageux héritage historique. Par l’indépendance que lui assure son assise territoriale vaticane, le Saint-Siège a pu développer une diplomatie particulièrement active, tant par ses efforts de médiation dans différents conflits que par ses relations avec d’autres états ou organisations internationales. […]Le réseau diplomatique du Saint-Siège couvre quasiment l’ensemble de la planète. Le Saint-Siège se montre en effet désireux d’établir des relations avec tous les États, quel que soit leur régime politique ou la conviction religieuse de leurs citoyens. En 2018 le Saint-Siège entretient des relations avec 183 États. Il faut ajouter à ces 183 États l’Union Européenne et l’Ordre de Malte, ce qui porte le total à 185.Sans même aborder l’influence du Saint-Siège par le biais des Églises à travers le monde, on peut distinguer plusieurs courroies de transmission de la puissance de celui-ci. Le Saint-Siège est membre de la « famille des Nations unies » (c’est-à-dire l’ONU et les institutions spécialisées qui lui sont rattachées : FAO, UNESCO, AIEA, OIT, UNHCR, OMS, etc.).

     

Pendant

la dernière guerre

L’on pourrait cependant émettre des réserves quant à la position de médiateur des conflits internationaux que le Vatican semble vouloir incarner le Vatican pendant la deuxième guerre mondiale:

“Les relations entre le Vatican et le gouvernement fasciste se détériorent même avant la Seconde Guerre mondiale. En 1931, le gouvernement italien dissout les organisations de jeunesse catholiques. Le concordat signé avec le gouvernement allemand le 20 juillet 1933 n’est pas respecté par Berlin, et en 1937 Pie XI condamne le gouvernement allemand pour ses persécutions religieuses.
Lorsque la guerre éclate, le Vatican proclame sa neutralité. À la suite de l’occupation nazie de Rome le 10 septembre 1943, les dirigeants du Vatican se sont inquiétés de possibles dommages aux territoires du Vatican par les parties en guerre. Au cours des derniers mois de la guerre, au début de 1945, les officiels du Vatican ont essayé sans succès de défendre les Allemands et les Japonais qui se sont rendus.”

“La diplomatie pontificale est fort active.Ces dernières années, le plaidoyer en faveur des réfugiés et des migrants, la défense de la cause environnementale, la lutte contre le mariage pour tous * lutte qui sonne creux au regard des nombreux scandales liés à l’homosexualité et à la pédophilie au sein même du Vatican ont été au cœur des débats.

Comme le fait remarquer Frédéric Martel dans son ouvrage: « Bien des dérives de l’Église, bien des silences, bien des mystères s’expliquent par cette règle simple de Sodoma : ‘Tout le monde se tient' », conclut  l’auteur de « Sodoma – Enquête au coeur du Vatican ». […] Le secrétaire d’Etat de Benoît XVI qu’il est alors donne son avis officiel sur « la psychologie des prêtres pédophiles » : « beaucoup [de psychologues et de psychiatres] ont démontré, m’a-t-on dit récemment, qu’il y a une relation entre homosexualité et pédophilie. Cela est vrai. C’est le problème », lance-t-il en guise de conclusion de sa tirade. […]

Frédéric Martel présente d’autres personnages troublants dans son ouvrage. Sous Jean-Paul II, le cardinal colombien Alfonso Lopez Trujillo a été président du Conseil pontifical pour la famille au sein de la ‘Curie romaine’, nom donné aux organismes assistant le pape dans sa mission de « pasteur suprême de l’Église catholique ». Un haut lieu d’influence auquel accède le cardinal le 8 novembre 1990. Il y milite contre l’avortement et la contraception, mais pourfend également l’homosexualité. Selon Frédéric Martel, il mène en fait une double vie, dénonçant l’homosexualité le jour et profitant la nuit d’un appartement secret où « il amenait les séminaristes, les jeunes hommes et les prostitués ».

Aujourd’hui la diplomatie pontificale
est fort active

On retrouve la diplomatie pontificale sur le thème de la dénonciation du capitalisme financier*.

Elle va proposer une idée de réforme :“Dans le Statement adopté à Pittsburgh en 2009, les leaders du G20 eux-mêmes ont affirmé que « The economic crisis demonstrates the importance of ushering in a new era of sustainable global economic activity grounded in responsibility » (La crise économique prouve bien l’importance d’inaugurer une nouvelle ère pour une activité économique mondiale durable, basée sur la responsabilité). (3)

Répondant à l’appel du Saint-Père et faisant nôtres en même temps les préoccupations des peuples — surtout de ceux qui paient le plus haut prix de la situation actuelle —, le Conseil pontifical justice et paix, dans le respect des compétences des autorités civiles et politiques, entend proposer et partager ses réflexions « pour une réforme du système financier et monétaire international dans la perspective d’une autorité publique à compétence universelle ». ont été les causes prioritaires promues par le souverain pontife

Mais pour quelles raisons le Vatican immisce-t-il dans les problématiques financières planétaires?

“Un pape s’en va, un autre vient, et toujours le même scandale…
Après avoir essuyé une première fuite de documents confidentiels en 2012 sous la papauté de Benoît XVI, le Vatican tente encore aujourd’hui d’étouffer une seconde vague de révélations gênantes sur la gestion de son immense « patrimoine » financier. Jorge Bergoglio, soucieux de conserver malgré tout l’image d’un « Pape des pauvres », luttant sans relâche contre la corruption, se retrouve à son tour empêtré dans ce tout nouveau scandale, démontrant de fait les cruelles limites d’une com’ qui ne convainc plus. Entre menaces de révélations imminentes et formidables aveux d’impuissance, le Saint-Siège aurait-il finalement besoin de se confesser ? Pas sûr en tout cas que cela suffise pour le rachat de ses péchés…” Paul Carson-Saher

Le pape est à la tête du Vatican et d’un gouvernement singulier, la curie romaine, qui jouissent, de par l’histoire des relations mondiales, d’une place sur la scène internationale.

Le Saint-Siège, il convient de le rappeler, dispose de son propre code, le Code de droit canonique, revisité en 1983. Ce Code définit le pontife romain et le collège des évêques en union avec le pontife romain comme étant les deux autorités suprêmes de l’Église catholique, avec en réalité une primauté du pontife romain.

Son pouvoir est plénier, suprême et universel, les canons lui demandant d’agir de la manière la plus adaptée.

 

Qu’en est-il des échanges relationnels entre le Vatican et des personnages à haute influence spirituelle dans le monde telle que Mère Térésa “sainte” canonisée et pourtant plus que controversée sont-elles de nature à être des relations de couverture dans le cadre d’un rayonnement médiatique?

“Dans leur article, Serge Larivée et ses collègues font aussi état d’un certain nombre de problèmes dont le Vatican n’a pas tenu compte dans le processus de la béatification de mère Térésa, soit « sa manière pour le moins discutable de soigner les malades; ses contacts politiques douteux; sa curieuse gestion des faramineuses sommes d’argent qu’elle a reçues et un dogmatisme excessif notamment à l’égard de l’avortement, de la contraception et du divorce.”

 

Le rapport de Mère Térésa avec les jésuites:

“Biographie  « La mère (de Anjezë Gonxhe Bojaxhiu, future Mère Térésa) éduque ses enfants dans la foi, les enfants participent activement à la vie de la paroisse tenue par des jésuites[…]. »Un nouveau père jésuite, Franjo Jambrekovic, développe dans sa paroisse l’intérêt pour les missions, tant par des prières que des revues ou des conférences de missionnaires qui viennent[B 1]. À l’âge de 17 ans, elle lui demande comment discerner sa vocation. Le père jésuite répond que c’est « par la joie ». Après un pèlerinage au sanctuaire marial de Letnice, elle ressent le désir d’une vie consacrée[…]. »De retour à Calcutta, elle écrit à son guide spirituel jésuite belge Céleste Van Exem, et lui dit son désir de tout quitter. Celui-ci lui recommande de prier et de garder le silence)”.

Bee Hazel

le 30 Septembre 2020

[R] Media alternatif

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La Compagnie de Jésus et le Vatican